Traité des délits et des peines (1764) du marquis Cesare Bonesana BECCARIA

Une petite lecture fortement conseillée pendant les fêtes.

A imprimer au bureau et à lire sous le sapin 😉 !

http://classiques.uqac.ca/classiques/beccaria/traite_delits_et_peines/traite_delits_et_peines.html

Extraits:

p23 : pourquoi le judiciaire et le législatif doivent être distinct.

principe, d’où il résulte que le souverain, qui représente la société, ne peut faire que des lois générales, et auxquelles tous doivent être soumis, mais qu’il ne lui appartient pas de juger si quelqu’un a enfreint ces lois. En effet, la nation se diviserait alors en deux parties, l’une, représentée par le souverain, qui affirme que le contrat est violé, l’autre par l’accusé, qui le nie. Il faut donc qu’un tiers juge de la vérité du fait. Il est donc nécessaire qu’il y ait un magistrat dont les sentences, sans appel, ne soient qu’une simple affirmation ou négation de faits particuliers.

p37

Telle est la malheureuse condition de l’esprit humain, qu’il connaît avec exactitude les révolutions des corps célestes, tout éloignés qu’ils sont de lui, tandis que les notions bien plus rapprochées et bien plus importantes de la morale restent ensevelies dans les ténèbres de l’incertitude, et que, flottantes au gré du tourbillon des passions, elles sont à la fois établies par l’ignorance et admises par l’erreur.

p43

Mais si, en soutenant les droits sacrés de l’humanité, si, en élevant ma voix en faveur de l’invincible vérité, j’avais contribué à arracher des bras de la mort quelques-unes des victimes infortunées de la tyrannie ou de l’ignorance, quelquefois aussi cruelle, les bénédictions et les larmes d’un seul innocent, dans les transports de sa joie, me consoleraient du mépris des hommes.

Enjoy!

Le monde, dans l’indifférence générale, est en train d’épuiser ses ressources en minéraux rares

De quelle rareté s’agit-il ? De celle concernant des minerais et métaux rares utilisés de plus en plus abondamment dans les technologies modernes, celles sur lesquelles on compte précisément pour remplacer les technologies anciennes et pour développer de nouveaux usages faisant un large appel aux télécommunications, aux automatismes et au virtuel. Quand on parle de rareté, il faut évidemment parler d’une rareté relative et non d’une rareté absolue, Aucun géologue sérieux ne nierait la possibilité de trouver du rhodium, du gallium ou du germanium sous les glaces de l’antarctique ou à grande profondeur sous terre. Mais les coûts d’extraction seraient tels, avec les méthodes actuelles, que de telles réserves n’auraient qu’un intérêt théorique. Les produits en question sont non seulement de plus en plus rares, mais gaspillés, en ce sens qu’aucun effort de récupération n’est aujourd’hui organisé à l’échelle suffisante. Par ailleurs, ils ne peuvent pas être produits de façon synthétique. Prenons l’exemple du platine, qui constitue un composant indispensable aux pots catalytiques et aux piles à combustibles. Avec le développement d’une industrie automobile dite propre, les réserves de platine seront épuisées d’ici 15 ans. Il en est de même de l’indium, utilisé pour la réalisation des écrans plats, du tantalum utilisé dans les téléphones portables, de l’hafnium pour les puces électroniques, du gallium pour les cellules solaires et les LEDs, du germanium dans les semi-conducteurs…D’autres minerais ne sont pas considérés comme aussi rares, mais ils le deviennent rapidement. Citons le plomb, le nickel, l’étain, le zinc l’argent et l’antimoine, sans mentionner le cuivre et l’uranium dont les réserves économiquement exploitables se réduisent rapidement.

Nous ferons pour terminer ce sombre diagnostic une réflexion qui ne surprendra personne : les pays européens, si préoccupées par le problème de l’énergie, ignorent superbement des défis qui risquent de compromettre leur développement économique bien plus tôt et bien plus sévèrement que ne le fera la raréfaction du pétrole et du gaz.

http://www.automatesintelligents.com/edito/2007/juin/edito.html

Aidez-nous à défendre la livraison gratuite !?

Cher client d’Amazon.fr,Aussi incroyable que cela paraisse, la livraison gratuite chez Amazon.fr est menacée. Amazon.fr est en effet condamnée au paiement d’une amende de 1 000 euros par jour parce qu’elle propose la livraison gratuite de livres à ses clients. Cette amende est le résultat préliminaire d’une action en justice intentée par un syndicat de libraires. Nous avons choisi de faire appel de cette décision et de payer l’amende afin de pouvoir continuer à offrir la livraison à nos clients.Les poursuites de ce syndicat ne sont ni plus ni moins qu’une tentative cynique d’éliminer la concurrence d’Amazon.fr. L’argumentation juridique du syndicat s’appuie sur la loi Lang, qui limite les réductions de prix sur les livres proposées par les détaillants. L’ironie de cette tactique est que la loi Lang a pour but de préserver la diversité de la création culturelle et de donner aux libraires les moyens de proposer une large sélection de livres, et pas seulement les best-sellers.

Or Amazon.fr, qui pratique déjà la remise maximale sur les livres autorisée par la loi Lang, met à votre disposition la plus vaste offre de livres en français disponibles dans le monde, qu’ils soient neufs ou d’occasion, et quels que soient la renommée de leurs auteurs et le prestige de leurs éditeurs. Aussi, la tentative injustifiée du syndicat de supprimer la livraison gratuite n’aurait qu’une seule conséquence : vous devrez payer plus cher pour acheter vos livres. Et cela constituerait un cas unique : la France serait ainsi le seul pays au monde où la livraison gratuite pratiquée par Amazon serait déclarée illégale.

Nous avons donc besoin de votre aide.

Vous pouvez faire entendre votre voix dans ce combat pour la livraison gratuite. Nous avons créé une pétition en ligne que nous vous invitons à signer :

Pétition en ligne

Nous offrons également aux clients la possibilité de débattre librement de ce sujet dans un forum de discussion où de nombreuses personnes partagent déjà leur opinion sur les rabais et la livraison gratuite pour les livres :
Forum de discussion

D’avance merci pour votre aide et votre soutien,Jeff Bezos,
Fondateur et Président Directeur Général
Amazon

J’ai reçu cet email d’amazon, et j’avoues ne pas encore savoir quoi en penser…

Le monde des systèmes et des supersystèmes cognitifs. Conflits et coopérations. Vers le post-humain.

Encore un super article passionnant avec pleins de concepts indispensables à une vision lucide du monde. La totalité en deuxième partie.

Le modèle de soi qui donne à un système cognitif toute sa puissance compétitive est différent. Il est doté d’une propriété qui lui ouvre au moins virtuellement des possibilités innombrables, celle de pouvoir contribuer à la formulation d’hypothèses s’affranchissant des expériences précédemment vécues par le système. C’est précisément en cela que réside la capacité du système cognitif, non pas de s’affranchir des déterminismes, mais de faire des hypothèses ne tenant pas compte des déterminismes déjà expérimentés et mémorisés.

Le fait que le modèle du soi propre au système cognitif échappe aux déterminismes linéaires et puisse formuler des hypothèses sur un mode presque aléatoire permet au cerveau d’abord, au corps tout entier du système cognitif ensuite, de se comporter dans le monde réel en machines à inventer. Le bénéfice en terme de compétitivité de l’émergence d’une telle propriété a été immédiat. Le cerveau du système cognitif, enrichi par le modèle (imaginaire ou halluciné) d’un soi pouvant librement imaginer de modifier le monde afin de le transformer a priori, est devenu un compétiteur redoutable à l‘égard des systèmes non cognitifs qui n’évoluent que beaucoup plus lentement et le plus souvent a posteriori seulement d’un évènement perturbateur.

Ces deux petits extraits m’ont poussés à la réflexion suivante : l’avantage de l’espèce humaine sur toutes les autres formes de vies connues est sa double capacité à transmettre un savoir sous forme de traditions et de remettre en question à chaque génération ces mêmes traditions. Ces deux facultés qui s’opposent et se complètent, la nouveauté devenant la tradition de la génération suivante, assurent une adaptation permanente des humains à leur milieu, même s’ils sont la cause des boulversements de leur environement.

Les systèmes cognitifs assemblés en SSC (super systèmes cognitifs) ont très vite, nous l’avons indiqué précédemment, exporté sur des réseaux de supports physiques externes à eux un certain nombre de représentations du monde, construites initialement dans les cerveaux des systèmes cognitifs individuels et s’étant révélées efficaces pour contribuer à la survie de ces systèmes. C’est ce mécanisme qui a donné naissance aux mémoires sociales les plus variées, depuis les mythes jusqu’aux programmes éducatifs enseignés dans les écoles. Si les contenus de ces mémoires ont été conservés et améliorés, ce n’était pas par ce qu’ils étaient vrais dans l’absolu (notion qui n’a pas de sens dans l’approche retenue ici) mais parce qu’ils étaient les plus propres à faciliter la survie des groupes et des individus qui s’y référaient. C’est ainsi que les mythes fondateurs, croyances religieuses et superstitions diverses sont apparus et ont continué à se développer du fait des références utiles à la survie qu’ils apportent aux systèmes cognitifs individuels et aux SSC. Ceci en dépit du fait que ces mythes, au regard des critères de la scientificité que nous allons présenter ci-dessous, ressemblent à des “mensonges ” ou tout au moins des illusions.

J’aime beaucoup cette explication de l’utilité des illusions! Cela parrait effectivement tellement logique!

Les contenus des mémoires scientifiques ne sont pas plus « vrais » au sens ontologique que ceux des mémoires mythologiques. Ils sont seulement plus efficaces puisqu’ils représentent la globalisation réutilisable par tous d’un nombre considérable d’expériences « réussies ». Autrement dit, ils contribuent à construire un monde que l’on pourrait dire scientifique ou rationnel qui se superpose au monde naturel et qui le modifie en permanence dans la mesure où la machine à inventer des SSC continue à fonctionner sur le mode de la production de contenus scientifiques.

J’ai envie de me revendiquer comme un représentationiste! Il n’existe pas de réel en soi. Seulement des représentations créées à partir de nos perceptions. On invente un modèle du monde qui nous sert d’environement d’interaction. Et l’on revoit ce modèle à chaque fois que nécessaire pour qu’il colle à à nos sensations. Ce processus nous permet de nous optimiser et améliorer nos chances de survie.

Les systèmes cognitifs sont en compétition les uns avec les autres. En simplifiant on dira qu’une première lutte pour la survie oppose les SSC scientifiques aux SSC privilégiant des représentations mythologiques. Vu l’efficacité des représentations scientifiques, on pourrait penser que les premiers l’emporteront inévitablement sur les seconds. Mais les connaissances scientifiques, bien qu’étendues, ne peuvent suffire à répondre à toutes les questions que les cerveaux des systèmes cognitifs se posent sur le monde. Donc, au sein même des SSC scientifiques persistent avec succès des représentations mythologiques dont s’inspirent beaucoup d’individus. Elles sont transmises tout naturellement par les langages, qui sont les vecteurs, non seulement des contenus de communication scientifique, mais de la prolifération d’entités informationnelles réplicantes n’ayant rien de particulièrement rationnel et que l’on désigne par le terme de mèmes.

Mais il y a un défaut à ce processus d’optimisation. Notre besoin d’avoir un modèle qui répond à toutes les questions nous pousse à croire à n’importe quoi plutot que d’admettre notre ignorance. C’est tellement simple et évident comme explication du fait religieux! Renforcé par notre mimétisme sociale, la modélisation a ses défauts qui vont à l’encontre de l’efficacité.

Par ailleurs et surtout, les corps et cerveaux des individus ou systèmes cognitifs individuels qui se regroupent au sein des SSC scientifiques ne sont pas entièrement dédiés à la construction de représentations scientifiques du monde. Quand il s’agit de corps biologiques (et non de corps artificiels), leurs héritages génétiques provenant de millions d’années d’évolution les laissent sensibles à des motivations qui peuvent venir en contradiction avec la rationalité scientifique (par exemple la défense exacerbée du territoire et la haine de l’autre considéré comme un rival). Au sein même de ceux des SSC que l’on pourrait globalement considérer comme des sociétés scientifiques ou technoscientifiques, les contenus de mémoire mythologiques réactivés en permanence par des héritages génétiques ou épigénétiques persistants depuis le fond des âges peuvent être bien plus nombreux que les contenus de mémoire provenant de la construction scientifiques. Les SSC à ciment principalement traditionaliste ou mythologique, dont certains sont aussi en partie des SSC scientifiques, sont finalement aussi puissants, en termes d’affrontement physique, que les SSC à ciment principalement scientifique. L’issue des conflits darwiniens pour la survie qui les oppose n’est donc pas prévisible.

C’est tellement vrai! Quand on voit de grands scientifiques de renom qui font appel au spiritualisme, à dieu ou même l’âme pour expliquer ce qu’ils échouent à comprendre, on voit bien à l’oeuvre ce mécanisme de modélisation.

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HADOPI expliqué à celles qui n’y travent rien …

Libération a publié hier une vidéo postée sur YouTube par un internaute Jamian15 (Voir ci-dessous), qui pose la question de la loi Création et Internet par rapport aux réseaux P2P décentralisés comme Kademlia, que connaissent bien les utilisateurs d’eMule, et où l’auteur imagine que des agents assermentés par les ayants droit fassent circuler des listes inventées d’adresses IP. Dans le forum de Libération, l’auteur imagine que « d’aucuns diront que cette vidéo offre une vision pessimiste, pour ma part, je crains que cela n’arrive réellement. J’espère sincèrement me tromper cependant… » Le débat sur la valeur de l’adresse IP comme moyen de repérer les internautes soupçonnés de téléchargement illégal n’est pas près de s’arrêter, on dirait.

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Management 2.0

Management 2.0 : Wikio, l’entreprise sans murs
[ 10/04/08  – 14H48  Enjeux-Les Echos   ]
Pierre Chappaz, patron du portail d’information Wikio, est un adepte convaincu du télé-travail et du management à distance. Un management dit “2.0”, moins hiérarchique, qui prend mieux en compte l’individu, s’appuie sur des pratiques collaboratives et exploite les technologies de la communication.  
Entretien : Comment manager plus de 30 personnes réparties dans toute l’Europe depuis les bords d’un grand lac européen, un hall d’aéroport ou un web café californien ? Quels profils embaucher ? Et comment concilier vie professionnelle et vie privée ? Pierre Chappaz répond à Anne-Laurence Fitère : personnalité reconnue de l’Internet, après avoir créé Kelkoo en 1999, il a lancé et dirige le portail d’information Wikio, tout en soutenant d’autres entreprises et projets.

Durée vidéo: 10min40

http://www.lesechos.fr/management/video/300256093.htm

Le verre est solide ?

Le verre est solide
A première vue, la consistance du verre ne fait aucun doute, il est bien solide et la question parait bien superflue. Pas tant que ça ! D’un point de vue physique, cette question soulève pas mal d’interrogations.

Octobre 2007 Partie intégrante de notre quotidien, le verre est loin de nous être si familier qu’il n’y parait. On peut certes le tenir dans la main, s’appuyer dessus, y verser un liquide…Les physiciens ne se fient pas à cette apparence extérieure et l’étudient minutieusement.

Un solide digne de ce nom ?

Au dessus, structure microscopique d’un cristal ; en dessous celle du verre. Photo © Clem Cousi / GNU Free Documentation License

La texture est parfois bien trompeuse. Pour répondre à la question posée, il faut connaître physiquement les caractéristiques de l’état solide. Qu’est-ce qui le distingue de l’état liquide ? Cette rigidité est conférée par les liaisons entre les atomes qui constituent le matériau. Prenons l’exemple du diamant : il comprend de nombreux atomes de carbone. En le “scrutant” à une échelle microscopique, on constate que les atomes sont liés entre eux par de fortes liaisons dites covalentes. Elles sont complétées par des liaisons ioniques qui rattachent deux pôles opposés (par exemple le sodium, Na+ et le chlore, Cl-). Cet ensemble constitue un maillage fort d’où cet aspect dur et rigide. Autre point, les atomes sont disposés dans l’espace de manière régulière et ordonnée ; comme dans la figure ci-contre (au dessus). Le solide présente une structure hexagonale, en nids d’abeilles.
Et bien chez le verre, il n’en est rien. Regardez la figure juste au dessous. Ces atomes sont répartis spatialement de manière complètement anarchique. Les distances qui les séparent sont irrégulières. Dans ce cas, le verre présente une structure proche d’un liquide.

Pas si liquide que ça

Si les physiciens ne se fient qu’à sa structure microscopique, le verre a tout d’un liquide. Difficile à croire car tout liquide qui se respect coule. Or, le verre en est loin. Certains pourtant estiment que cet écoulement s’opère également chez lui. Comment ? A regarder de plus près les vitraux épais des cathédrales ou encore de simples carreaux, on peut observer un épaississement au bas de la fenêtre. Les premières conclusions sont d’ores et déjà tirées : le verre s’épanche bien.
Cette explication est vite réfutée par les spécialistes du verre. Ils justifient cette observation par la méthode employée pour la confection des carreaux ou vitraux. Pour autant, en regardant à nouveau les propriétés due verre, les scientifiques constatent qu’en dessous de la température de fusion, température à laquelle le matériau passe d’un état solide à un état liquide, le verre présente un état n’ont pas cristallisé mais surfondu. Cette phase est la transition vitreuse. A ce moment, il présente une viscosité importante et une certaine aptitude à “couler”. Pour être plus exact, le verre flue. L’écoulement peut en effet s’effectuer mais il faut des centaines et des centaines d’années voire même plus pour observer ce phénomène. A l’échelle humaine, il est impossible de le vérifier.

Bilan : le verre n’est ni liquide, ni solide ; son état est intermédiaire. Les physiciens le qualifient de matériau amorphe. Mais le verre continue toujours d’intriguer et est une des énigmes de physique non résolues à l’heure actuelle.