http://www.alternatives-economiques.fr/la-maison-brule—_fr_art_47_4866.html
Tu ne dois pas avoir l’article en entier (faut être abonné) mais je te met les passages les plus croustillants. Suivront mes commentaires. J’attends aussi bien sur les tiens.
“La timidité des gouvernements à agir ne s’explique pas seulement par la pression des lobbies industriels, elle tient aussi à la rigidité de nos organisations économiques, sociales et urbaines, et aux bouleversements qu’implique nécessairement le passage à des modes de production et de consommation plus durables. De ce point de vue, il y a une grande hypocrisie à se désoler du refus du citoyen de “base” d’accepter les sacrifices propres à sauver la planète.”
“Certains proposent pour ce faire d’entrer en décroissance, un mot d’ordre avancé par les écologistes les plus radicaux. Ce courant est issu d’une critique du développement apparue dans les années 70, qui récusait aussi bien le productivisme capitaliste que celui du socialisme réel, inscrits tous deux dans une conception du progrès héritée du scientisme positiviste du XIXe siècle, selon laquelle toujours plus signifie nécessairement toujours mieux. Les partisans de la décroissance affirment que la rupture avec nos modes de production et de consommation actuels n’est pas seulement nécessaire, mais souhaitable. Le bien-être de tous en serait mieux servi.”
“Or, la décision démocratique est victime d’un triple handicap, à la fois temporel, spatial et social. Temporel, parce que le temps du politique n’est pas à la mesure des enjeux. Les responsables politiques, soumis (et heureusement!) au verdict fréquent des électeurs, sont peu enclins à agir pour éviter des risques dont la manifestation sera lointaine. D’où le rôle essentiel de la mobilisation citoyenne pour forcer les politiques à l’action.
Le handicap est aussi spatial: l’Etat-nation centré sur son territoire demeure le principal acteur politique sur notre planète. Alors que nous sommes confrontés à des problèmes globaux, il n’existe aucune autorité environnementale à l’échelle mondiale, alors qu’il en existe en matière financière ou commerciale avec le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. Ce qui incite peu les différents acteurs à agir pour le bien commun. Pourquoi engager des actions coûteuses pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre si les autres n’en font pas autant? Là encore, le rôle des organisations non gouvernementales peut être essentiel pour forcer nos dirigeants à s’entendre.
Enfin, troisième handicap qui pèse sur la décision démocratique: la question sociale. Comment mettre en oeuvre des modes de production et de consommation économes en ressources dans un monde où les richesses sont aussi inégalement réparties au sein des nations comme entre nations? On n’y parviendra pas sans rendre le monde moins inégal et plus solidaire. D’où l’importance des transferts Nord-Sud pour maîtriser le changement climatique ou le souhait d’un New Deal écologique avec le Sud. Le problème se pose également à l’intérieur de chaque pays. La “maison brûle” donc, mais les idées ne manquent pas pour éteindre le feu. Reste à arrêter de “regarder ailleurs”…”