L’autorité du père, à quoi cela sert il ?

Pourquoi est il essentiel qu’un enfant ait à faire à un autre adulte que sa mère.

On peut hasarder de nombreuses réponses plus ou moins farfelues.

  • La virilité du père et la puissance physique qu’il dégage peuvent apparaître rassurantes pour l’enfant.
  • Dans notre civilisation le père incarne le chef pour la famille.

J’aime beaucoup mieux l’explication qu’en donne ce médecin, Claude Halmos qui a écrit un bouquin sur l’autorité.

L'autorité expliquée aux parents

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Le monde des systèmes et des supersystèmes cognitifs. Conflits et coopérations. Vers le post-humain.

Encore un super article passionnant avec pleins de concepts indispensables à une vision lucide du monde. La totalité en deuxième partie.

Le modèle de soi qui donne à un système cognitif toute sa puissance compétitive est différent. Il est doté d’une propriété qui lui ouvre au moins virtuellement des possibilités innombrables, celle de pouvoir contribuer à la formulation d’hypothèses s’affranchissant des expériences précédemment vécues par le système. C’est précisément en cela que réside la capacité du système cognitif, non pas de s’affranchir des déterminismes, mais de faire des hypothèses ne tenant pas compte des déterminismes déjà expérimentés et mémorisés.

Le fait que le modèle du soi propre au système cognitif échappe aux déterminismes linéaires et puisse formuler des hypothèses sur un mode presque aléatoire permet au cerveau d’abord, au corps tout entier du système cognitif ensuite, de se comporter dans le monde réel en machines à inventer. Le bénéfice en terme de compétitivité de l’émergence d’une telle propriété a été immédiat. Le cerveau du système cognitif, enrichi par le modèle (imaginaire ou halluciné) d’un soi pouvant librement imaginer de modifier le monde afin de le transformer a priori, est devenu un compétiteur redoutable à l‘égard des systèmes non cognitifs qui n’évoluent que beaucoup plus lentement et le plus souvent a posteriori seulement d’un évènement perturbateur.

Ces deux petits extraits m’ont poussés à la réflexion suivante : l’avantage de l’espèce humaine sur toutes les autres formes de vies connues est sa double capacité à transmettre un savoir sous forme de traditions et de remettre en question à chaque génération ces mêmes traditions. Ces deux facultés qui s’opposent et se complètent, la nouveauté devenant la tradition de la génération suivante, assurent une adaptation permanente des humains à leur milieu, même s’ils sont la cause des boulversements de leur environement.

Les systèmes cognitifs assemblés en SSC (super systèmes cognitifs) ont très vite, nous l’avons indiqué précédemment, exporté sur des réseaux de supports physiques externes à eux un certain nombre de représentations du monde, construites initialement dans les cerveaux des systèmes cognitifs individuels et s’étant révélées efficaces pour contribuer à la survie de ces systèmes. C’est ce mécanisme qui a donné naissance aux mémoires sociales les plus variées, depuis les mythes jusqu’aux programmes éducatifs enseignés dans les écoles. Si les contenus de ces mémoires ont été conservés et améliorés, ce n’était pas par ce qu’ils étaient vrais dans l’absolu (notion qui n’a pas de sens dans l’approche retenue ici) mais parce qu’ils étaient les plus propres à faciliter la survie des groupes et des individus qui s’y référaient. C’est ainsi que les mythes fondateurs, croyances religieuses et superstitions diverses sont apparus et ont continué à se développer du fait des références utiles à la survie qu’ils apportent aux systèmes cognitifs individuels et aux SSC. Ceci en dépit du fait que ces mythes, au regard des critères de la scientificité que nous allons présenter ci-dessous, ressemblent à des “mensonges ” ou tout au moins des illusions.

J’aime beaucoup cette explication de l’utilité des illusions! Cela parrait effectivement tellement logique!

Les contenus des mémoires scientifiques ne sont pas plus « vrais » au sens ontologique que ceux des mémoires mythologiques. Ils sont seulement plus efficaces puisqu’ils représentent la globalisation réutilisable par tous d’un nombre considérable d’expériences « réussies ». Autrement dit, ils contribuent à construire un monde que l’on pourrait dire scientifique ou rationnel qui se superpose au monde naturel et qui le modifie en permanence dans la mesure où la machine à inventer des SSC continue à fonctionner sur le mode de la production de contenus scientifiques.

J’ai envie de me revendiquer comme un représentationiste! Il n’existe pas de réel en soi. Seulement des représentations créées à partir de nos perceptions. On invente un modèle du monde qui nous sert d’environement d’interaction. Et l’on revoit ce modèle à chaque fois que nécessaire pour qu’il colle à à nos sensations. Ce processus nous permet de nous optimiser et améliorer nos chances de survie.

Les systèmes cognitifs sont en compétition les uns avec les autres. En simplifiant on dira qu’une première lutte pour la survie oppose les SSC scientifiques aux SSC privilégiant des représentations mythologiques. Vu l’efficacité des représentations scientifiques, on pourrait penser que les premiers l’emporteront inévitablement sur les seconds. Mais les connaissances scientifiques, bien qu’étendues, ne peuvent suffire à répondre à toutes les questions que les cerveaux des systèmes cognitifs se posent sur le monde. Donc, au sein même des SSC scientifiques persistent avec succès des représentations mythologiques dont s’inspirent beaucoup d’individus. Elles sont transmises tout naturellement par les langages, qui sont les vecteurs, non seulement des contenus de communication scientifique, mais de la prolifération d’entités informationnelles réplicantes n’ayant rien de particulièrement rationnel et que l’on désigne par le terme de mèmes.

Mais il y a un défaut à ce processus d’optimisation. Notre besoin d’avoir un modèle qui répond à toutes les questions nous pousse à croire à n’importe quoi plutot que d’admettre notre ignorance. C’est tellement simple et évident comme explication du fait religieux! Renforcé par notre mimétisme sociale, la modélisation a ses défauts qui vont à l’encontre de l’efficacité.

Par ailleurs et surtout, les corps et cerveaux des individus ou systèmes cognitifs individuels qui se regroupent au sein des SSC scientifiques ne sont pas entièrement dédiés à la construction de représentations scientifiques du monde. Quand il s’agit de corps biologiques (et non de corps artificiels), leurs héritages génétiques provenant de millions d’années d’évolution les laissent sensibles à des motivations qui peuvent venir en contradiction avec la rationalité scientifique (par exemple la défense exacerbée du territoire et la haine de l’autre considéré comme un rival). Au sein même de ceux des SSC que l’on pourrait globalement considérer comme des sociétés scientifiques ou technoscientifiques, les contenus de mémoire mythologiques réactivés en permanence par des héritages génétiques ou épigénétiques persistants depuis le fond des âges peuvent être bien plus nombreux que les contenus de mémoire provenant de la construction scientifiques. Les SSC à ciment principalement traditionaliste ou mythologique, dont certains sont aussi en partie des SSC scientifiques, sont finalement aussi puissants, en termes d’affrontement physique, que les SSC à ciment principalement scientifique. L’issue des conflits darwiniens pour la survie qui les oppose n’est donc pas prévisible.

C’est tellement vrai! Quand on voit de grands scientifiques de renom qui font appel au spiritualisme, à dieu ou même l’âme pour expliquer ce qu’ils échouent à comprendre, on voit bien à l’oeuvre ce mécanisme de modélisation.

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Eloge de la fuite

Un commentaire tiré d’amazon.

Ce livre est une authentique révélation. Il est de ces ouvrages qui surprennent et font jubiler à chaque paragraphe tant l’analyse est profonde. Le Professeur Laborit éclaire le comportement humain avec une grille d’analyse jusqu’ici délaissée par les sciences sociales : la grille biologique. Partant, l’amour ou la liberté sont désacralisés par la puissance des déterminismes biologiques et socio-culturels. En l’absence d’une telle connaissance, le langage n’est qu’un alibi, une moyen contre-nature d’empêcher nos pulsions inconscientes et les déterminants socio-culturels enregistrés depuis l’enfance grâce au système limbique (le cerveau de la mémoire) d’être associés de facon originale par le cortex associatif (le cerveau particulièrement développé chez l’homme qui le rend doué de créativité). L’inventeur des neuroleptiques démontre de facon implacable que cette méconnaissance débouche sur l’angoisse qui manifeste l’impossibilité de combattre ou de fuir les hiérarchies sociales de domination. Dés lors, une seule issue s’impose à l’être humain : Mobiliser la connaissance de ses déterminismes biologoques et socioculturels pour fuir dans l’imaginaire créateur, à l’abri des jugements de valeur, des préjugés véhiculés par la société. Cette fuite salutaire doit permettre à l’homme de faire triompher de nouvelles structures harmonieuses aux dépens des hiérarchies destructrices. Puisse Henri Laborit être un jour entendu !

Eloge de la fuite

La soumission librement consentie : Comment amener les gens à faire librement ce qu’ils doivent faire

Amazon.fr
Dans leur Traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens,

Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens

Beauvois et Joule nous ont expliqué comment on manipulait plus efficacement autrui en s’appuyant sur son consentement qu’en le soumettant par la contrainte. Dans ce nouvel ouvrage, à prétention plus scientifique, ils poursuivent l’exposé de leur théorie de l’engagement qui s’inspire des travaux de psychologie expérimentale développés aux États-Unis. Le fait psychologique qu’ils mettent en évidence est que la parole engage le sujet parlant : nous nous sentons beaucoup plus impliqués par nos décisions que par celles des autres et nous éprouvons toujours quelque embarras à nous rétracter après avoir donné librement notre accord.Mais où est la découverte ? Que nous rechignions à nous dédire, les logiciens le savent bien et ont érigé cette répugnance en règle de non-contradiction, énoncée pour la première fois par Parménide. Que la servitude se fonde sur un acte de consentement, La Boétie s’en étonnait déjà dans son Traité de servitude volontaire Tendre Violette. Que nous ne nous sentions obligés que par notre seule volonté, Kant l’a le premier pleinement mis en valeur dans sa doctrine morale. Enfin, que nos paroles engagent tout notre être, la psychanalyse l’a dit et redit avec Freud et Lacan.

Si la théorie de l’engagement se sert de l’autorité de la science pour cautionner et banaliser les pratiques de manipulation du sentiment de liberté, le propos est peu humaniste. S’il énonce que l’homme n’adhère vraiment qu’à ce qu’il a librement consenti, c’est un formidable message éthique et démocratique. Au lecteur de juger. –Emilio Balturi

Idées clés, par Business Digest
Amener quelqu’un à faire en toute liberté ce qu’il doit faire est finalement moins compliqué qu’on ne le pense. Nous disposons d’une somme de connaissances scientifiques qui permettent de peser sur les comportements d’autrui sans qu’il s’en rende compte. Évidemment, c’est de la manipulaion, mais celle-ci peut être mise au service des causes les plus sombres comme les plus nobles. Ces connaissances relèvent de la psychologie de l’engagement. Les auteurs illustrent leurs applications dans des domaines aussi variés que la formation, le management, le marketing.

La soumission librement consentie : Comment amener les gens à faire librement ce qu'ils doivent faire ?