Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de son enfance dont il est lui-même responsable. Enfance, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, enfance dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les ai affranchis depuis longtemps de toute direction étrangère, restent cependant volontiers, leur vie durant, des enfants, et qu’il soit facile à d’autres de se poser en tuteurs des premiers. Il est si aisé d’être un enfant ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n’ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. Que la grande majorité des hommes et des femmes tienne aussi pour très dangereux ce pas en avant pour devenir adulte, outre que c’est une chose pénible, c’est ce à quoi s’emploient fort bien les tuteurs qui très aimablement ont pris sur eux d’exercer une haute direction sur l’humanité. Après avoir rendu bien sot leur bétail et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n’aient pas la permission d’oser faire le moindre pas, hors du parc où ils les ont enfermées. Ils leur montrent les dangers qui les menacent, si elles essayent de s’aventurer seules au dehors. Or, ce danger n’est vraiment pas si grand, car elles apprendraient bien enfin, après quelques chutes, à marcher ; mais un accident de cette sorte rend néanmoins timide, et la frayeur qui en résulte, détourne ordinairement d’en refaire l’essai. Il est donc difficile pour chaque individu de sortir de la enfance, qui est presque devenue pour lui naturelle.
Emmanuel Kant, dans Qu’est-ce que les Lumières
>>Qu’est-ce que les Lumières ?
Ne devrait on pas dire:
Que sont les lumières?
Quand j’ai lu ces quelques premiers mots j’ai tout de suite pensé à la série Invasion …
Comme quoi l’esprit humain ne voit que ce qu’il veut voir ….
Ps: c’est pour qu’il y ait des commentaires .. 😉
Oui je vois … 🙂
Je redécouvre Kant avec une admiration renouvellée en ces beaux jours de vacances. Même si sa lecture est fastidieuse, il est vraiment géniale. Je trouve que ce petit texte devrait être commenté et recommenter tous les ans de la 6ème à la terminale pour enlever aux gens le caca qu’ils ont devant les yeux. Ca fait pitié de voir l’humanité se trainer si bas alors qu’elle a les moyens de si grandes choses. Heureusement que le sens de l’histoire va vers plus de progrès jusqu’ici, même s’il faut d’énormes crashes pour qu’elle avance. Quel gachi!
Un point de détail. Je trouve réducteur d’assimiler un enfant à un être incapable de décision. L’enfant n’est pas lâche de façon innée. Sa vie est faites d’une multitude de décissions qui a son échelle , c’est à dire avec son manque d’experience, démontrent un certain courage. Il se pose justement plein de questions que l’adulte a arrété de se poser. Je dirai donc qu’il faudrait que justement l’adulte garde l’esprit critique de l’enfant, sa demarche experimentale.
Effectivement, c’est bien ce que le dicton "la vérité sort de la bouche des enfants" propose implicitement. Les enfants n’ont pas encore le caca devant les yeux. Mais ils doivent quand même être guidé par les adultes. C’est à ça que sert la culture. Il ne faut pas que les enfants aient à réinventer la roue à chaque fois. Il doivent bénéficier de l’expérience de leurs ainés. Et pour cela, ils doivent faire leur initiation en faisant des choix qui ne sont pas trop dangereux pour eux. En cela ils restent encore très fortement sous la tutelle de leurs parents. Donc ils peuvent quand même se reposer sur les choix de leur parents. Or un adulte ne doit pas laisser à un autre le loisir de faire les choix important à sa place. Il doit avoir aquit suffisament d’autonomie pour penser par lui-même, chose que n’a pas encore un enfant. Refuser de penser, c’est vouloir rester dans le confort de l’insouciance infantile. Et c’est donner le pouvoir à ceux qui sont près à te soulager du fardeau de penser. Ces mêmes personnes qui decideront alors de ce qui est bon pour toi, même contre ton gré. C’est la soumission volontaire!
Donc un enfant n’est pas incapable de choisir, mais il n’a pas encore en main tous les éléments qui lui permettent de faire un choix rationnel en connaissance de cause. Au contraire on doit le laisser faire des choix, mais aussi le restraindre dans ses possibilité de choix pour éviter de trop grand danger.