L’ Eglise de Google

Poursuivons dans les pas d’Eclos et de Belbo vers l’Utopie de la machine intelligente (voir Intelligence informatique)

Il y a plus d’un siècle un jeune homme nommé Fredrick Winslow Taylor parcouru les ateliers de l’aciérie Midvale à Philadelphie, muni d’un chronomètre. Il commençait  une série de mesures qui allait le rendre célèbre.

Par une méthode méticuleuse consistant à décomposer chaque travail en une séquence de  tâches  et en chronométrant chacun des gestes des ouvriers, il réussi à créer une sorte d’algorithme qui définissait comment chaque ouvrier devrait travailler.

Évidement, les ouvriers râlèrent: on voulait  les transformer en automates. Mais la productivité de l’usine primant, les nouvelles méthodes  furent appliquées.    Le “système” tel que Taylor le nommait lui même, se rependit rapidement à l’ensemble du monde.

La révolution industrielle avait trouvé son “philosophe”.

Le but de Taylor tel qu’il le défini dans son traité de 1911 “The principle of Scientific Management” était d’identifier et d’adopter pour tout les métiers “the one best method” de travail et d’ainsi substituer progressivement la science aux règles empiriques de l’artisanat. Taylor et ses disciples étaient même convaincu que leur méthode allait restructurer non pas uniquement l’industrie mais la société toute entière.

In the past the man has been first . In the future the system must be first ” declara Taylor

Depuis les idées de Taylor ont prospéré et grâce à la puissance de nos ordinateurs commencent à s’appliquer à nos esprits aussi.

En effet Internet est une machine conçue pour collecter , transmettre et manipuler l’information de la meilleur façon possible. Des légions de programmeurs étudient comment optimiser ses données à notre usage.

Google est l’eglise de ce mouvement et la religion qui y est pratiqué est le Taylorisme. Eric Schmidt (CEO of Google) explique que google is “founded around the science of measurement“. Tous leurs efforts visent à “systematize everything

A chaque instant Google collecte ,au travers de son moteur de recherche et de ses sites, des millions d’informations sur le comportement des utilisateurs. Ils conduisent ensuite des milliers expérimentations par jour afin d’optimiser les algorithmes qui de plus en plus nous guident dans notre façon ,nous simples utilisateurs, de récolter et de comprendre l’information.

L’aptitude de google à tester grandeur nature est devenu légendaire. Cependant les jugements subjectifs sont bannis.

Comme l’explique une dirigeante de l’entreprise Marissa Meyer

On the Web, design has become much more of a science than an art. Because you can iterate so quickly, because you can measure so precisely, you can actually find small differences and mathematically learn which one is right”.

“You have to try and make words less human and more a piece of the machinery”

Taylor n’aurait pas désapprouver sa disciple 😉

Mais laissons la parole à Larry Page au fondateur de Google lui même, lorsqu’il s’adressa en 2007 à une conférence de scientifiques.

My theory is that,if you look at your programming, you DNA, it’a about 600 megabytes compressed. It’s smaller than linux or windows … and that includes booting your brain, by definition. So your program algorithms probably aren’t that complicated . Intelligence is probably more about overall computation.”

Page a dès le début considéré Google comme la forme embryonnaire d’un intelligence artificielle. ” Artificial intelligence would be the ultimate version of google”

Serguei Brin, le cofondateur de Google , dans une interview à la télévision expliquait que le moteur de recherche ultime ressemblerait à l’ordinateur HAL dans le film de Stanley Kubrick. Il s’empressa d’ajouter  “Now hopefully . . . it would never have a bug like HAL did where he killed the occupants of the spaceship. But that’s what we’re striving for, and I think we’ve made it a part of the way there.”

Page expliquant le moteur de recherche idéal

Cet article est librement inspiré du chapitre 8  de Nicolas Carr Livre: What the Internet is doing to our brains: the shallows.

Laisser un commentaire