Ca y est je suis en plein dans la lecture du bouquin découvert par cricri (Livre: What the Internet is doing to our brains: the shallows.) Je suis à la page 47. Vous serez sans doute étonné que je commence à vous en parler après avoir lu aussi peu de pages, mais vous verrez plus loin pourquoi
C’est bien écrit et facile à lire. De plus ça traite aussi d’un sujet qui me tient à cœur : le cerveau et sa plasticité. Mais avant d’aller plus loin, il est amusant de remarquer un paradoxe.
Dès l’introduction, l’auteur nous explique comment , né dans les années 50,il a vécu une enfance sans ordinateur et pleine de livres, pour finalement aujourd’hui être quasiment incapable d’en lire un. Son argumentation étant bien faite , je me suis peu à peu identifié à ce personnage. Est ce que moi aussi, je ne lis pas moins de livre qu’autrefois ?
C’est alors que le comique de la situation se révèle. Le média qui réuni cet auteur et moi est un LIVRE.
Nous voilà rentré au cœur du sujet. Je viens de lire près de 50 pages d’un livre sans images ni photos sans aucun effort, alors que si je scanne ce texte et que je le publie sur ce blog , je n’arriverai pas à dépasser les 10 premiers paragraphes.
L’outil utilisé conditionne le contenu transmis. Ce que dit un livre, un blog ne peut pas le dire et vice versa.
L’auteur raconte que Nietzsche, malade éprouvait de plus en plus de mal à voir et donc à écrire. Il s’équipa d’une machine à écrire qui lui permis de continuer son œuvre. Un ami très proche de lui Heinrich Köselitz nota que son style changea alors . Sa prose devint plus ramassée, plus télégraphique (voir la citation ci-jointe)
Arrivé à ce point , je me suis interrogé sur la meilleur façon de vous rendre compte de ma lecture. Dans une démarche réflexive , j’ai pensé que je ne pouvais pas vous asséner des grandes longueurs de texte sans images, sans vidéo , sans hyperlien.
Sachant que vous avez déjà lu 328 mots, Je vous invite donc à faire une petite pause avec cette image à gauche et un petit hyperlien sur l’endroit ou je l’ai trouvée: The Nietzsche family circus
Bon la pause et finie, reprenons : notre cerveau
Aristote le décrivait comme une sorte de radiateur , servant à refroidir notre sang. Pour le cœur on peut sentir les battements, pour les poumons l’air qui y rentre, mais pour le cerveau … Rien. Je vous passe les différentes étapes de notre découverte du cerveau qui se stabilise il y a une trentaine d’années avec cette idée que j’ai moi même apprise à l’école que le cerveau se construisait pendant l’enfance et l’adolescence et qu’ ensuite il était figé jusqu’à la fin, et même pour être encore plus noir que nous perdions des neurones tous les jours. Il y avait un côté fatidique angoissant, mais bon si la science le disait c’est que ca devait être vrai.
Et puis voilà que les technologies s’améliorant, scanner, IRM, tomographie, une vieille idée longtemps rejetée ,Freud l’avait évoquée un temps pour finalement l’abandonner, fit son apparition: La plasticité du cerveau. (j’ai mis de la couleur pour vous réveiller)
Notre matière grise se remodèle en permanence en fonction des expériences que nous vivons. Un français Léon Dumont a comparé les conséquences de nos habitudes sur le cerveau à celle de l’eau agissant sur un paysage. L’eau en coulant crée des canaux et plus elle passe au même endroit plus le canal se creuse pour devenir de plus en plus permanent. Si par contre on ajoute des obstacles nouveaux , l’eau invente d’autres chemins et trace de nouveaux canaux.
Dans des cas pathologiques de lésions de certaines parties du cerveau on voit d’autres parties encore saines se réorganiser pour accueillir les fonctions autrefois situées dans les parties endommagées. On voit aussi des personnes devenues aveugles “réutiliser” des parties des aires visuelles pour étendre les fonctions liées au toucher et à l’ouie. On a à faire à une re-programmation de parties du cerveau.
Il n’est évidement pas nécessaire d’être malade pour profiter des ces processus. Ainsi une étude faites en 1990 sur des chauffeurs de taxi londoniens a pu démontrer qu’ils présentaient tous un développement plus important que la normal (le groupe témoin) de la partie antérieure de l’hippocampus. Cette partie du cerveau jouant un rôle très important dans la manipulation spatiale de l’environnement d’une personne. Les chercheurs constatèrent aussi que ce développement de la partie antérieure correspondait à une atrophie du reste de l’organe , résultant dans des mauvaises performances dans des tâches de mémorisation autres.
En bref le cerveau se spécialise en permanence.
La conséquence de ce processus de recablage perpétuel est une prime donnée à la répétition. On peut résumer avec la formule “survival of the busiest“.
Ceci nous amène au deuxième paradoxe de cet article : Les changements dans le cerveau sont du à sa plasticité. Celle ci se construit sur la répétition et donc su l’immobilisme. Amusant non?
Bon nous voilà arrivé à 823 mots. Je sens que vous fatiguez, nous allons faire une longue pause. Je vous raconte la suite dans un prochain article. D’ici là travaillez la plasticité de votre matière grise 😉
Maintenant j’espère que tout le monde comprend bien pourquoi
je poste des articles qui traitent en images plutôt qu’en lettres …
C’est pour préserver la plasticité de votre cerveau 🙂