Pour une version plus approfondie : ICI
Historique de nos échanges
Pour faire suite à la réaction de Job quant à la diatribe de Loïc Wacquant, voici un lien vers un document extrêmement intéressant qui dresse un constat lucide de la situation du travail en France mais qui ne s’arrête pas là. Il fait des propositions intéressantes.
Voilà un document qui mériterait d’être lu par nos grands patrons.
[pdf http://www.casavictoria.fr/library/file/Rapport_ASTRES__Crise_du_travail.pdf]
ou à télécharger
Rapport Astres – la crise du travail.
L’autre jour en roulant pour aller au boulot, je me suis fait la réflexion morbide suivante: Combien de morts dites accidentelles sont à proprement parler de véritables suicides?
Pourquoi une telle question? Je fais référence ici à la pulsion de vie et à la pulsion de mort si chère à FREUD et à notre grand ami Michel ONFRAY (Michou pour les intimes). Prenez le cas banal d’une situation accidentogène lambda, en voiture sur la route. Vous vous trouvez dans la situation ou toute hésitation tout doute, tout laisser aller, toute démission si infime soit-elle se paie par votre mort. Si à cet instant précis la pulsion de mort l’emporte sur votre envie de vivre, vous prenez la mauvaise décision, ou vous ne faites rien, vous laissez faire, et vous mourrez. End of the story.
C’est ce qui m’a amené à penser que beaucoup de morts dites accidentelles pouvaient être causées par une démission même momentanée de l’envie de vivre.
Ma conclusion est qu’il faut avoir envie de vivre tout le temps, pour vivre une belle et longue vie et faire place nette de notre pulsion morbide. Vaste programme n’est-il pas?
J’espère ne pas paraitre trop trivial. Vous me direz si ce genre de reflexions ont ou non leur place dans ce noble blog.
Une petite vidéo de Christophe Desjours, quelqu’un dont j’aime particulièrement le discours souvent juste et théatralisé…
Christophe Dejours stress au travail /2em partie
envoyé par promediation
Traduction d’un chapitre du livre d’E. Amdur “Duelling with O-Senseï que j’ai trouvé vraiment intéressant sur la sempiternelle question de l’efficacité martiale de l’aikido, mais pas seulement. Je trouve qu’on y évoque également des questions de maturité et de gestion des conflits au sens large.
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Vous vous baladez dans une rue d’un petit village en Malaisie par une nuit sans lune pour rendre visite à quelques amis. En rentrant chez vous, un homme visiblement très pressé vous bouscule et cogne votre épaule. Vous le maudissez tout bas, en effet, il a précisément touché l’épaule que vous aviez blessé il y a quelques mois de cela lors d’un entrainement en aikido. Un Ikkyo un peu trop appuyé qui s’est terminé par une mauvaise réception au sol. Manifestement vous avez parlé un peu trop fort, car l’inconnu vous a entendu. Il se retourne visiblement belliqueux et vous hurle dessus en s’approchant de plus en plus près de vous.
Soudainement, il lance sa main à votre visage et vous entrez dans le but de le contrôler avec un irimi nage. Vous glissez dans son attaque, le mouvement est impeccable, mais alors que vous pivotez pour le diriger vers la projection, il s’accroche à vous et vous porte quelques tout petits uppercuts dans l’abdomen. Ah vous dites-vous, cela ne va même pas me laisser un bleu…sauf qu’il est armé… Il porte un Kerambit (une sorte de poing américain prolongé d’une lame courte incurvée.
Vous commencez à reculer et il jette sa tête contre votre torse et continue à vous porter ses petits coups de poing dans l’estomac. Chaque coup vous entaille l’abdomen. «oh mon Dieu» dites-vous, «pourquoi pendant toutes mes années d’entrainement en aikido, ne me suis-je jamais entrainé à contrer les technique mortelles du Kerambit malaisien?» Ce sont vos dernières pensées avant de vous effondrer dans une mare de sang dans une ruelle malaisienne désertée.
Vous êtes le premier représentant d’Aikido à l’ultimate fighting championship, une compétition de combat sans règles réunissant plusieurs représentants d’arts martiaux différents. Comme par hasard, vous tombez au premier tour contre un représentant de la famille gracie. Vous avez décidé de vous inscrire lorsque vous avez entendu la famille Gracie prétendre que le jiu-jitsu brésilien était l’art martial le plus efficace au monde. Comment cela pourrait-il être alors que lorsque vous les voyez agir, il n’y a visiblement aucun kokyu, aucun ki dans leur pratique. Vous connaissez la stratégie de ce membre de la famille gracie : il va chercher vos jambes mais vous serez prêt dés qu’il baissera la tête pour vous saisir, à lui placer un kaiten nage et à le projeter comme un fétu de paille.
Le combat commence, mais contrairement à vos plans, il parvient à vous attraper une jambe au moment ou vous commencez votre mouvement et vous vous retrouvez au sol à rouler avec lui. Sans que vous sachiez comment, il se retrouve sur vous et vos hanches, vous collant et vous serrant comme le ferait un python avec une proie succulente. Trois secondes plus tard vos pieds s’agitent dans tous les sens alors qu’il vous étrangle. Pas de problème, dites-vous, hier soir, avant le match, dans votre lit vous avez travaillé une projection dans cette situation précise. Vous n’avez qu’à rassembler votre ki, fixer un point, ponter, et…vous évanouir…
Continuer la lecture de « Et vous? Que voulez-vous devenir lorsque vous serez grands? »
Un petit lien vers deux films intéressants.
http://www.zeitgeistmovie.com/
Certaines des conclusions tirées semblent recevables mais je m’interroge sur certains éléments.
Ma lecture du moment.
Cet ouvrage du maintenant célèbre Christophe Desjours spécialiste de la psychologie du travail dresse un constat assez noir de l’évolution des relations de travail dans nombre d’entreprises françaises.
Quelques unes de ses réflexions histoire de vous donner envie de le lire :
– on assiste actuellement à une banalisation importante de la violence et de l’injustice dans les entreprises et au dehors pour les chômeurs. La tolérance à ce qu’il appelle “le mal” est devenue la norme. Il rappelle à cet égard qu’en 1980 des experts avaient prédit à la France une explosion insurrectionnelle majeure si le chômage venait à dépasser les 4%. Or aujourd’hui nous dépassons allègrement les 10% et aucune insurrection n’a eu lieu. Selon lui au vu de l’état de la société française actuelle, nous pouvons largement aller plus loin dans l’augmentation du nombre des chômeurs des injustices et des violences sociales. Comment cela a-t’il été possible? Comment l’injustice et la violence au travail a t’elle pu se banaliser à ce point?
– Il précise la grande différence qu’il y a entre une description “gestionnaire du travail” qui en évacue tout subjectivité pour parler en chiffres soit disant indiscutables quoique le plus souvent falsifiés ou mensongers et une description subjective du travail c’est à dire du point de vue des salariés qui elle est absolument différente de la première. Il regrette du reste l’évacuation de la prise en compte de la subjectivité dans les analyses du travail. De cette évacuation de la subjectivité découlent les nouvelles méthodes d’optimisation industrielles et managériales “à la japonaise” et leurs effets délétères sur la santé des individus.
– il décrit avec une précision redoutable les pratiques managériales de travail de certaines entreprises dans le milieu industriel. Pour la petite histoire, Je me suis retrouvé point par point dans cette description d’un système quasi concentrationnaire et quasi fasciste assez affolante qui inflige aux personnes des souffrances extrêmes et malheureusement non prises en compte par la société et non reconnues, qu’on oblige à taire, ce qui favorise des conduites suicidaires au travail.
– il y a de nombreux renvois à diverses analyses du système Nazi qu’il ne cesse de comparer au système de relations sociales et de travail en France. Selon lui un système de travail ne peut fonctionner que si chacun y apporte son concours zélé. Les acteurs du système nazi ne faisaient pas qu’obéir aux ordres qu’on leurs donnait mais y mettaient tout leur zèle et leur intelligence, exactement comme les “collaborateurs” de l’entreprise d’aujourd’hui. la question est comment cela est-il possible alors que beaucoup savaient pertinemment à quel point le système était injuste et porteur de violence… la thèse de la banalisation du mal et du retournement des valeurs est utilisée pour répondre à cette question sur le monde du travail décrit comme un système extrêmement cohérent et complet. Le fait par exemple de refuser de faire un sale boulot en entreprise (délation, mensonge, manipulation mobbing, harcèlement, etc.) est vu comme un manque de courage par les managers, et un manque de virilité (selon les termes de l’auteur) qui doit amener à se séparer du collaborateur vu comme faible. Il rapproche ces situations des cas ou certains soldats ont refusé de participer à des raffles de juifs lors de la seconde guerre mondiale. Je suis assez d’accord avec cette analyse. Selon moi il n’y a que peu de différence de nature entre ces comportements mais une différence de degrés. Il pose cette question : dans le régime Nazi il y avait utilisation de la force et de la contrainte par la violence pour amener les gens à faire des choses affreuses. Que ne parviendrait-on à obtenir de nous si la force physique violente était aujourd’hui utilisée, au point d’atonie et d’indifférence à l’injustice et à la violence auquel nous sommes aujourd’hui rendu? Ce point est à mon avis le plus fort du bouquin. Il a d’ailleurs été largement critiqué pour cette analyse en tant qu’il assimilait des conduites d’entreprises à un régime totalitaire ce qui est excessif. A mon sens, il n’assimile pas mais compare et cherche à comprendre l’un au regard de l’autre ce qui n’en est pas moins inquiétant au terme de l’analyse.
– Il explore les ressorts de l’adhésion à la culture d’entreprises pourtant violentes et injustes chez leurs salariés pourtant conscients chacun à leur niveau de la perversité du système dans lequel on les fait se débattre.
– il rappelle à quel point le travail peut être porteur de construction et de développement de tous les aspects de la personnalité d’un sujet dés lors que ce sujet parvient à combler le fossé entre le prescrit du travail (méthodes et organisations) et réel du travail (réalité qui oblige à beaucoup d’ajustement avec les procédures pour arriver à ses fins). Les individus investissent dans le travail une part toujours plus importante de leurs ressources psychologiques et de leur identité ce qui amène à beaucoup mieux comprendre le fait qui parait impensable que l’on puisse se suicider à cause de son travail. Dés lors que l’on nie ce travail, qu’on le réduit à néant, on nie et réduit à néant du même coup l’identité du sujet.
– Il rappelle que le système de travail actuel relève de choix politiques humains et non d’une quelconque loi économique naturelle intangible à laquelle personne ne pourrait rien.
Bref je vous le conseille.
En ces temps de vaches maigres, il faut dégraisser la fonction publique et mettre au travail les fainéants congénitaux qui y travaillent. Comment y parvenir?
En utilisant le “lean management” bien sûr…
Le “lean manufacturing” est une méthode de management et d’organisation de production de biens et de services qui a fait ses “‘preuves” dans diverses entreprises, en augmentant de manière faramineuse les performances et en limitant de manière drastique les gaspillages en temps et en matières premières, le tout avec la participation et le consentement (au moins dans un premier temps) des salariés.
On en voit un exemple dans cet extrait :
Lisez cet article de “l’usine nouvelle” et pleurez (ou souriez c’est selon)…
http://www.usinenouvelle.com/article/et-si-l-etat-se-mettait-au-lean.N162328
Gageons que les risques psychosociaux ont encore de beaux jours devant eux…